Aujourd'hui, la Table Ronde Mondiale sur les Ingrédients Marins publie une évaluation d'impact sur les droits de l'homme (EIDH) qu'elle a commandée à Partner Africaen mai 2022 et qui a été menée au Sénégal et en Mauritanie (juillet et septembre 2022, janvier 2023).
Avec l'EIDH de Partner Africa, la Table ronde mondiale visait à mieux comprendre la situation sur le terrain. Il s’agissait aussi de relier les impacts, dans la chaîne de valeur des petits poissons pélagiques au Sénégal et en Mauritanie, avec les principes directeurs des Nations Unies relatifs aux entreprises et aux droits de l’Homme. La Table Ronde Mondiale veut favoriser l'action dans ces deux pays.
« Cette étude souligne l'écart entre d’une part les pratiques actuelles au Sénégal et en Mauritanie et d’autre part les standards de l'industrie de la farine et de l'huile de poisson au niveau mondial. En Mauritanie et au Sénégal, où la production de farine et d'huile de poisson (FHP) représente respectivement 1,12% et 0,22% de la production mondiale[i], la Table ronde mondiale veut faire partie de la solution aux problèmes soulevés par les communautés locales. Pour y parvenir, la collaboration entre les gouvernements et les acteurs privés doit être renforcée, sur la base d'une compréhension claire des responsabilités de chacun », a déclaré Árni Mathiesen, président indépendant de la Table Ronde Mondiale. «Comme première étape, la Table ronde mondiale travaille, notamment avec la FAO, pour organiser un atelier sur l'Afrique subsaharienne. Guidé par un rapport de la FAO de 2022 et les conclusions et recommandations de l'EIDH, l'atelier discutera de solutions possibles. L'atelier vise à rassembler les parties prenantes régionales, y compris de nombreuses personnes identifiées dans l'EIDH. De plus, la Table Ronde Mondiale travaille actuellement à l'ajout d'une deuxième phase à l'étude, axée sur les impacts de la pêche par les entreprises étrangères et les flux commerciaux associés ».
[i]Estimations de l'IFFO (2021)
« Partner Africa est une ONG dont la mission est d'améliorer les conditions de travail et les moyens de subsistance des travailleurs et des producteurs en Afrique, en luttant contre toutes les formes d'exploitation. Cette étude s'inspire de la méthodologie EIDH internationalement reconnue développée par l'Institut Danois des Droits de l'Homme. Les résultats sont fondés sur des méthodes de collecte de données qualitatives, en utilisant une optique de droits de l'homme et des techniques d'entretien participatif axées sur les points de vue, les opinions, l'expérience et les témoignages des personnes interrogées », explique Annefloor Alting, consultante senior chez Partner Africa.
En Mauritanie, l’EIDH a dialogué avec tous les titulaires de droits impliqués dans la chaîne de valeur des petits pélagiques - y compris les pêcheurs artisanaux, les pêcheurs de pirogue à la senne coulissante, les pêcheurs de navires commerciaux, les transporteurs, les poissonniers, les transformateurs artisanaux, les financiers, les employés permanents des usines FHP et les employés saisonniers des usines FHP. Au Sénégal, les chercheurs se sont entretenus avec des pêcheurs artisanaux et des transformateurs ayant des liens étroits avec les pêcheries mauritaniennes de petits pélagiques.
Plus de 200 titulaires de droits et intervenants internationaux ont été interrogés dans le cadre de cette évaluation.
Dans l'ensemble, l'EIDH a identifié un certain nombre d'impacts réels et potentiels sur les droits de l'homme associés à la pêche aux petits pélagiques en Mauritanie et au Sénégal, y compris les droits à un environnement sain, à un niveau de vie adéquat et aux droits du travail. Ces impacts s'appliquent à différents titulaires de droits de différentes manières et ont été constatés à diverses échelles, y compris la pêche artisanale et industrielle et à diverses étapes des chaînes d'approvisionnement. En Mauritanie et au Sénégal, le rapport a révélé que les pêcheurs artisanaux et les chaînes d'approvisionnement ont été déplacés et que la sécurité alimentaire a été compromise par la croissance du secteur FHP.
L'EIDH a aussi souligné qu’une industrie des petits pélagiques responsable a beaucoup de potentiel pour avoir un impact positif sur les droits de l'homme de la population locale : apporter la stabilité à la pêche dans cette région peut soutenir la croissance économique et fournir un emploi stable aux populations locales dans un endroit où cela fait cruellement défaut.
Sur la base de l'évaluation de Partner Africa, la Table Ronde Mondiale :
- reconnaît l'écartentre les pratiques actuelles au Sénégal et en Mauritanie et les pratiques et standards mondiaux de l'industrie FHP. Aujourd'hui, dans ces deux pays, le secteur FHP n'a pas les impacts souhaités sur la sécurité alimentaire, les moyens de subsistance et l'environnement.
- s'engage à travailler avec les parties prenantes pour résoudre ces problèmes.
En outre, la Table ronde mondiale :
- exprime son soutien aux efforts louables en cours des autorités mauritaniennes pour mettre en œuvre un nouveau plan de gestion de la pêche aux petits pélagiques, donner la priorité à la pêche destinée à la consommation humaine et améliorer la capacité et les pratiques de manipulation et de transformation du poisson, et faire progresser la gestion responsable et régionale des stocks de petits pélagiques. La Table Ronde Mondiale cherche à soutenir ces efforts en travaillant avec ses membres, les parties prenantes locales et internationales et les institutions pour soutenir les améliorations dans la gestion des pêches et dans les chaînes d'approvisionnement régionales.
- encourage les autorités locales à prendre et à appliquer de nouvelles mesures en faveur de l'amélioration des pratiques environnementales et sociales dans les usines.
- invite toutes les entreprises qui s'approvisionnent en FHP en Mauritanie à rejoindre le Projet d'amélioration de la pêche aux petits pélagiques (FIP) en Mauritanie, à inciter leurs fournisseurs à y adhérer ; s'engager dans le Programme d'Amélioration (Improver Programme) de MarinTrust ou dans le programme MSC « En Transition vers le MSC » et dans la Table Ronde Mondiale sur les Ingrédients Marins.
- encourage chaque partie prenante impliquée dans la chaîne de valeur à prendre ses responsabilités et à utiliser son effet de levier, afin que les principaux impacts saillants soient pris en compte.
Le Projet mauritanien d’amélioration rassemble des entreprises ayant exprimé le désir d'améliorer la gestion de la pêche grâce à une approche multipartite. Cette approche est soutenue par le gouvernement mauritanien depuis son lancement en 2017. Bien que les Projets d’amélioration des pêches cherchent à améliorer les pratiques et les politiques de gestion des pêches, la capacité d'apporter des changements est limitée par l'effet de levier du marché et d'autres facteurs.
De nombreux participants au Projet se sont engagés à démontrer des normes de performance plus élevées dans un éventail de questions environnementales et sociales en participant au Programme d'Amélioration (Improver Programme) de MarinTrust et en faisant auditer leurs usines par rapport à la norme MarinTrust.
L'objectif à long terme d'un Projet d’amélioration des pêches est que la pêcherie obtienne la certification MSC et l'approbation MarinTrust (et que les usines FHP obtiennent la certification MarinTrust et la certification MSC Chaine de Garantie d’origine). Même si le Projet mauritanien d’amélioration des pêches des petits pélagiques s'est principalement concentré sur les aspects de biodiversité jusqu'à présent, les acteurs impliqués dans l'initiative ont mentionné que l'objectif est d'intégrer davantage d'indicateurs d'impact social à l'avenir, afin d’apporter des changements à ce niveau également.
Le Comité directeur du Projet mauritanien d’amélioration des pêches a récemment examiné le rapport et a fourni des commentaires constructifs et perspicaces. Il met en évidence d'importantes différences structurelles entre la Mauritanie et le Sénégal dans le domaine de la pêche artisanale et industrielle, notamment l'utilisation de la main-d'œuvre étrangère en Mauritanie ; le désir d'impliquer davantage d'entreprises de farine de poisson (dont beaucoup ont été fermées lors des entretiens avec les parties prenantes), d'agences gouvernementales et d'organisations de la société civile ; les liens potentiels entre la pêche pélagique et la migration clandestine ; et les difficultés rencontrées par certains groupes pour accéder à la sécurité sociale et à l'assurance maladie. Ces commentaires, combinés aux conclusions et aux limites reconnues de l'EIDH, fournissent une bonne feuille de route pour les phases futures de l'évaluation.
Lancée en 2021, la Table Ronde Mondiale sur les Ingrédients Marins est une initiative multipartite à l'échelle du secteur qui vise à favoriser les améliorations environnementales et sociales dans les principales pêcheries à l'échelle mondiale.
La table ronde vise à :
· discuter et convenir de moyens d'améliorer la durabilité des ingrédients marins
· augmenter la disponibilité d'ingrédients marins durables
· travailler de manière pré-concurrentielle pour favoriser les améliorations environnementales et sociales dans le secteur de la pêche ;
· maintenir une vue d'ensemble de l'état des ressources et de l'industrie
· présenter les progrès de l'industrie en matière de durabilité et les communiquer tout au long de la chaîne de valeur
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